Les Portes de Beaumont-le-Vicomte
Certains articles de nos précédents bulletins municipaux ont ainsi évoqué les moyens de défense mis en place par nos Vicomtes de Beaumont pour mieux se protéger d’éventuels ennemis, tels notre vieux Château et notre Motte Féodale.
C’est l’enceinte fortifiée, complément indispensable du Château, qui fait aujourd’hui l’objet de toute notre attention.
Réalisée en même temps que la construction du Château au XIème siècle, elle avait pour but d’assurer la protection du maximum d’habitants rassemblés dans un espace restreint. Elle s’appuyait sur le Château, situé à son angle sud-ouest, et dominant le gué qui, seul, permettait de traverser la Sarthe. Comportant murailles et fossés, elle décrivait une sorte d’ellipse dont le grand axe, parallèle à la rivière comptait environ 300 mètres et le petit axe 200. Du Château, elle remontait entre la Rue du Docteur Jean Madelaine et la Place de la Libération, coupait la Rue Gaisneau pour filer entre la Rue du Bercail et la rue Louatron, de la « Roseraie » rejoindre « Anaïs » et suivre la Sarthe à mi-côte.
Les fossés avaient de 8 à 10 mètres de large et les murs 2,50 mètres d’épaisseur. On en retrouve dans le jardin du presbytère, formant une galerie couverte de pierres plates pour circuler d’un point à un autre. Un jardin privé conserve un vestige sous forme de tourelle.
Pour accéder à la ville, il y avait trois portes aujourd’hui détruites.
La première, dénommée « Porte St-André ou Porte d’Alençon » se situait au Nord de l’agglomération fortifiée, soit, actuellement, au milieu de notre rue Maximilien Gaisneau. Un Procès Verbal de 1772 nous apprend qu’elle avait « sept pieds de largeur sur vingt de hauteur sous le faîte et neuf de clair, ses jambages, en pierre de taille rousse (notre « roussard » local) avaient chacun six pieds de largeur (un pied vaut 33 cms).
Elle était protégée aux quatre coins par des bornes en pierre de rousse et garnie par un portail en bois » fermant en coulisse » qu’on levait au moyen de deux bascules. Dès 1655, il avait fallu refaire la double arcade en pierre et la voute de cette porte qu’on avait couronnée d’un parapet de 4 pieds de haut sur 2 d’épaisseur percé d’embrasures à mousquets.
Cette porte tomba en ruines beaucoup plus tard et c’est une décision du Conseil Municipal du 5 juillet 1841 qui en ordonna la démolition. Pour en connaître l’emplacement heureusement que la maison face au « Baton d’Or » a conservé précieusement dans une niche, au milieu de sa façade. Une veille statue de St-André qui, suivant l’usage traditionnel, devait surmonter l’ancienne Porte. La seconde Porte, dite Porte Ste-Anne ou Porte du Mans, se situait au sud, sur le Vieux Pont Roman. Elle subit un grand dommage, le 12 juillet 1562, de la part des huguenots lorsqu’ils quittèrent précipitamment, comme saisis de panique, la Ville du Mans qu’ils avaient mise à feu et à sang, pillant et détruisant de nombreuses œuvres d’art, notamment de la Cathédrale. Cette bande de fuyards de 8 à 900 hommes, se dirigeait vers Alençon. Ils marchèrent toute la nuit du 11 au 12, en grand désordre, et arrivèrent la matin aux portes de Beaumont. Les habitants refusèrent d’ouvrir. Les assaillants parvinrent néanmoins à pénétrer dans la place à l’aide de 8 pièces de canon qu’ils avaient tirées du Château du Mans. Beaumont n’avait presque aucune garnison. Les huguenots livrèrent la ville au pillage, massacrèrent huit habitants, outragèrent et blessèrent grièvement plusieurs personnes, en mirent en rançon. Après avoir passé un jour et une nuit à commettre toutes sortes de violences et de débauches, après avoir brulé l’Eglise, les halles et plusieurs maisons de catholiques, fondu les cloches et entièrement pillé beaucoup d’autres maisons, ces rebelles se mirent en route pour Fresnay.
Déjà menacée de ruine en 1642, il ne restait de cette Porte en 1772 que les 2 piliers sur lesquels on avait édifié une chambre à colombage appartenant à un particulier « alors que les murs , portes de ville et autres fortifications sont de leur nature inaliénables ».
La 3ème porte, dite Porte St-Joseph ou Porte de Paris ou de Vivoin, se trouvait rue Georges Rouault, entre le carrefour des rues Bourgeoises et du Bercail et celui des rues de la Gare et de la Motte. Le Procès-verbal, et montrée du 25 août 1772 nous précise qu’elle « n’avait plus à cette époque, que ses 2 piliers supportant un grenier au sieur Le Sueur, substitut de Monseigneur Le Procureur Général. Vers 1930, avant leur restauration, le mur de la « Roseraie » et celui qui lui faisait face présentaient un renflement caractéristique, dernières traces de ce qui avait été la troisième porte de la Ville.
Jean-Marie FOUSSARD,
Maire Honoraire
Auteurs consultés : R Triger, Dom Rolin, Abbé Besnard et Documents municipaux.